Rétrospectivement, cela ressemble à un énorme fantasme. En 2011, en effet, est sorti un projet commun entre le plus grand rappeur d'Atlanta de la fin de la décennie 2000 et le plus grand rappeur d'Atlanta du début des années 2010. Mais à l'époque, on prête sans doute une plus grande attention à Ferrari Boyz, une autre mixtape collaborative de Gucci Mane, sortie quelques jours après avec son protégé du moment. Auréolé par le succès de Flockaveli, Waka Flocka est alors au centre de l'attention, tandis que Future, lui, n'est encore que le futur.
Et puis, à vrai dire, il n'est pas encore celui qu'il deviendra. L'historique "Turn On The Lights" ne sortira que dans quelques mois, et Future apparait encore comme un rappeur trap de plus, un faire-valoir pour le grand maître. Sur "Lamborghini", quand il clame sa passion pour la marque en question, il s'essaye au style de son aîné. Sur "Flossin'", il pousse la chansonnette pour lui. Il court après le numéro de bandit magnifique de Gucci Mane, avec une seule nuance : parfois, sur "Dead People" par exemple, ou sur "Free Bricks", il s'affiche en drogué plutôt qu'en dealer.
I'm a young nigga comin' out the south, hey
Comme Future le dit sur ce dernier titre, il n'est alors qu'un jeune garçon venu du Sud.
Ce n'est donc pas lui qu'on remarque le plus ici. A bien des égards, c'est Gucci Mane qui mène le spectacle. Il s'exprime seul sur le premier morceau et quelques autres. Partout ailleurs, sur les refrains, par le nombre de couplets, c'est lui qui s'arroge la part du lion. Et souvent, il est au sommet de son art avec son humour d'écolier débile, comme sur "On Some Other Shit" :
My bank roll on roids, I got so much cash
In my pants that I'm guaranteed to show my ass
Mon compte en banque est sous stéroïdes, j'ai tant de cash
Dans mon pantalon, que je suis sûr qu'on voit mon cul
Gucci Mane est en forme avec ses rimes débiles qui frisent l'abstraction, avec ses excès et ses hyperboles qui, comme il le dit lui-même sur "Lost It", ont perdu toutes limites, avec des ritournelles façon jeux vidéo aussi stupides et irrésistibles que "Can’t Turn Me Down".
Au bout du compte, Free Bricks est une mixtape typique de Guwop. Agencée par DJ Scream, produite par Shawty Redd, Sonny Digital, Drumma Boy, Mike WiLL et Zaytoven, renforcée par 2 Chainz, Rocko et Young Scooter, avec par exemple cette routine de l'époque qui est d'axer tout un titre autour d'une personnalité (ici Stevie Wonder), c'est un produit de son temps.
C'est une autre de ces sorties jubilatoires qu'il délivre à foison à l'époque. Même si, par accident ou presque, elle offre une place au rappeur le plus important des années à venir.
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