2007 a parfois mauvaise presse, dans l'histoire du rap. C'est une année mal aimée, dont le seul classique incontesté est le double-album de vétérans, les très influents Texans d'UGK, enfin reconnus et célébrés à grande échelle, et à leur juste valeur. Mais en dehors du duo, peu ont fait l'unanimité. Comme souvent en pareil cas, ce n'est pas que la musique s'effaçait ou que le talent s'estompait, bien au contraire. En réalité, nous étions dans une phase de transition. Le modèle qui avait marqué le début de décennie, celui des mauvais garçons et des gangsters invulnérables de Dipset ou de la G-Unit, s’essoufflait, comme le prouvait la victoire du Graduation de Kanye West dans sa compétition avec le Curtis de 50 Cent. La crise du disque provoquée par Internet entraînait un désinvestissement qui renvoyait une bonne part de l'activisme rap dans l'underground ou dans des scènes régionales qui s'ignoraient.
Mais en leur sein, ça bouillonnait. Peu à peu, sur les mixtapes de Lil Wayne, Gucci Mane ou Max B et sous l'influence d'une scène de Memphis toujours vivace, se préparait le rap à venir. Nous changions d'époque, comme l'indiquait aussi la victoire du Graduation de Kanye West dans son combat très médiatisé contre le Curtis de 50 Cent, celle de son college rap sophistiqué contre le rap de fier-à-bras qui avait dominé les années précédentes. Nous passions d'une génération à l'autre, comme le montrait également la dispute improbable entre Ice-T et le jeune Soulja Boy, dont les techniques de promotion et le single "Crank That" annonçait, au grand dam des anciens, le Soundcloud rap qui deviendrait la norme, une dizaine d'années plus tard. Plutôt qu'une année perdue pour le rap, 2007 aurait pu être en fait l'une de ses plus importantes.
# 22. JAY-Z - American Gangster
Le dernier grand Jay-Z est sans doute celui-ci. Après la fin de sa pré-retraite et un Kingdom Come raté, il retrouvait l'inspiration en découvrant en avant-première le film American Gangster, de Ridley Scott. Sur cet album-concept, l'ancien dealer réinvestissait ainsi le thème qui lui réussissait le mieux, sur une musique qui sentait la soul des années 60-70 et le cinéma blaxploitation.
# 21. BOMARR - Scraps
Un vilain tour CD, foutraque, amateur et enregistré à l'arrache, distribué un temps en gratuitement. Voilà ce qu'est Scraps, un album solo enregistrée par le fantaisiste Bomarr Monk, des Restiform Bodies. C'est pourtant, aussi, l'un des disques les plus riches en idées et les plus réjouissants sortis par cette lignée de rappeurs postmodernes tout particulièrement inventifs et siphonnés.
# 20. EEKWOL & MILS - The List
Eekwol a été autre chose qu'une rappeuse amérindienne. Son second album montrait qu'elle ne se limitait pas exalter ses origines. Elle n'a jamais été isolée non plus, son frère Mils ayant toujours accompagné sa carrière. Son travail de production, qui mélangeait avec succès sonorités synthétiques et organiques, était même décisif. Il justifiait de voir son nom en toutes lettres sur The List.
# 19. MAX B - Public Domain 2: Rise of the Silver Surfer
En 2007, les ennuis de Max B avaient débuté. Il passait déjà quelques mois en prison, pour la même affaire que celle qui, deux ans plus tard, l'enverrait pour longtemps entre quatre murs. Mais il proposait aussi de grandes mixtapes remplies de son rap chuintant prompt aux refrains chantés, dont celle-ci, la deuxième de la série Public Domain, sortie alors qu'il était encore incarcéré.
# 18. WU-TANG CLAN - 8 Diagrams
Le premier album du Wu après la mort d'ODB a divisé les fans. Le rap de rue brut et bancal du début laissait place à une musique cinématique et orchestrée, influencée par l'expérience de compositeur de B.O. de RZA. Ce n'était plus un pavé dans la mare, mais ce n'était pas non plus l'oeuvre d'un groupe qui courait après sa gloire passée. C'était un disque de vieux, mais au bon sens du terme.
# 17. JOE BEATS - Diverse Recourse
Joe Beats avait retenu les bonnes leçons de Indie Rock Blues, son album de remixes de morceaux rock indé. Diverse Recourse était composé d'inédits et de compositions originales, mais il était proche de son prédécesseur, dans le son comme dans l'esprit. Une fois pour toutes, le producteur de Non Prophets prouvait ici qu'il était bien davantage que le tâcheron de Sage Francis.
# 16. SEAN PRICE - Jesus Price Supastar
Superstar ? Non, quand même pas. Comme il le disait lui-même à la fin de ce deuxième solo, Sean Price n'avait plus eu de succès grand public depuis le duo Heltah Skeltah. Mais sur Jesus Price Supastar, il n'en capitalisait pas moins sur le bon accueil réservé à son projet précédent. Il devenait le vétéran qui portait bien haut la flamme du classic rap new-yorkais, au cœur des années 2000.
# 15. DIZZEE RASCAL - Maths + English
Après le choc critique qu'avait été Boy in da Corner, après avoir peaufiné sa formule sur Showtime, Dizzee Rascal avait enchaîné trois ans plus tard avec Maths + English, son disque pop, tout autant que son album américain. La rudesse du grime y était atténuée, le ton pouvait même être moralisateur, mais le Britannique n'y avait pas tout à fait délaissé son naturel et ses aspérités.
# 14. SANDPEOPLE - Honest Racket
Basé à Portland, dans l'Orégon, au Nord-Ouest des Etats-Unis, le collectif Sandpeople a sans doute livré sa grande oeuvre, avec cet album produit de manière accrocheuse par les beatmakers Sapient et Simple, et dont les raps, oscillant entre un style battle et des passages plus cérébraux et introspectifs, sont signés entre autres par iLLmacuLate, un ancien vainqueur du Scribble Jam.
# 13. M.I.A. - Kala
Activisme tiersmondiste, maelstrom sonore, world music de l'ère du rap. Sur ce second opus enregistré aux quatre coins du monde, la Britannique d'origine sri-lankaise M.I.A. n'a fait que développer la formule étrennée sur la mixtape Piracy Funds Terrorism et sur l'album Arular. Mais ce fut là son grand moment, celui où elle devenait connue du grand public, grâce au succès de "Paper Planes".
# 12. SONTIAGO - Steel Yourself
Que la scène du Maine, celle laissée derrière elle par Sole quand il est allé fonder Anticon en Californie, survive à l'oubli grâce à ce disque. Qu'en soit au moins retenu le second album de Sonya Tomlinson, alias Sontiago, la compagne de JD Walker. Il fut une sorte d'aboutissement dans le registre propre à cette mouvance : celui du rap de blanc(he)s porté sur l'introspection.
# 11. MR. SCHE - Supastar
Sous l'égide de Curtis Mayfield, Mr. Sche, semi-légende underground de la scène de Memphis, livrait un double-album concept fleuve sur le thème du pimp. Chaque partie se consacrait à une compétence essentielle de ce personnage : la délinquance pour la première, le sexe pour la seconde. Et c'était riche, drôle, bien produit, cohérent et rempli de morceaux remarquables.
# 10. TOCA - Toca
Le premier album commun de Xololanxinxo, de Tommy V. et des frères Ramos était exactement comme l'avait annoncé le CD-R Dancing with Skeletons : fou, complètement fou. Il était rappé ou chanté à toute allure, en espagnol ou en anglais. En un éclair, il passait du hip-hop au punk, puis au reggae, à la synth pop et à la musique mariachi. Un disque touffu, désorientant, mais réjouissant.
# 09. DALEK - Abandoned Language
Le hip-hop oppressant, brutal et bruitiste de Dälek a toujours eu un petit côté recette. Cependant, celle-ci n'a jamais été aussi bien cuisinée que sur Abandoned Language, un concept-album qui s'interrogeait sur le pouvoir des mots. Leurs beats étaient plus intenses que jamais, mais aussi plus aéré et mieux construit que tout autre, et encadré par deux morceaux d'anthologie.
# 08. BOSS HOGG OUTLAWZ - Serve & Collect
Après s'être imaginé disque de platine, Slim Thug poussait ses poulains sur le devant de la scène. Suite à plusieurs mixtapes, les Boss Hogg Outlaws sortaient leur album officiel, premier volet de la série Serve & Collect. Il s'agissait alors d'une sortie sans surprise, d'un rap de dealers magnifiques typique de Houston, d'un rap générique même, ce qui était loin d'être un défaut.
# 07. AWOL ONE & FACTOR - Only Death can Kill You
En 2007 Awol One, éternelle star en devenir de l'underground californien, s'acoquinait sur le tard avec le Canadien Factor, le producteur de Saskatoon, et ils trouvaient ensemble un équilibre rare, le temps de cet album. Beaucoup le considéreront comme une oeuvre mineure, au sein de la discographie abondante d'Awolrus. Et pourtant, sans doute, elle est aussi la moins inégale.
# 06. LIL WAYNE - Da Drought 3
S'il manquait encore une preuve pour prouver que Lil Wayne était le rappeur le plus inspiré des années 2000, alors la troisième édition de Da Drought serait celle-ci. Avec cette mixtape, livrée sur un format double, Weezy enfonçait le clou. Avec une facilité et une créativité folles, il sublimait tous les morceaux où il posait, les grands comme les plus anodins, les connus comme les plus obscurs.
# 05. KANYE WEST - Graduation
Graduation, c'est l'accomplissement de la première période de Kanye, celle de ces trois albums unis par leur thème scolaire. Il est également son apothéose commerciale. Mais avec son virage introspectif, avec aussi son ouverture croissante à d'autres genres musicaux et sa nouvelle ambition de devenir une rock star, il est aussi, plus qu'une conclusion, l'ébauche de ce qui viendra après.
# 04. BIRDMAN - 5 ★ Stunna
Birdman n'a jamais été le rappeur du siècle. Ses propos de parrain d'opérette ont souvent été au comble de la platitude et du manque d'imagination. Mais ce vil rapace savait faire valoir quelques autres arguments : son protégé Lil Wayne, qui était alors en feu, une poignée d'intervenants de premier rang comme Rick Ross, Young Jeezy, Jadakiss et All Star, ainsi qu'une production de choix.
# 03. PLIES - The Real Testament
Etre "real", selon Plies, c'était être un voyou, c'était ne traiter (une dénonciation de la prison et un hommage à sa mère mis de côté) que de sexe et de violence. C'était en parler crûment, avec outrance, sans la virtuosité verbale et les pirouettes textuelles qui, autrefois, servaient d'excuses au gangsta rap. Et cela, avec ses râles et sa musique bêton, le Floridien le faisait admirablement bien.
# 02. DEVIN THE DUDE - Waitin' to Inhale
Le quatrième solo de Devin Copeland fut peut-être le bon ; pas nécessairement le meilleur, non, la discographie du Texan étant plutôt régulière. Mais plutôt celui de la reconnaissance, le rap cool, organique, ironique, teinté d'autodérision et aux vapeurs de weed du rappeur bénéficiant par ailleurs du renfort appréciable de Bun B, Snoop Dogg, Lil Wayne et autres Andre 3000.
# 01. UGK - Underground Kingz
Aucune œuvre de rap ne mérite mieux le titre de “disque de la consécration” que Underground Kingz. Ce double-album ambitieux était celui du couronnement pour les vétérans Bun B er Pimp C, après une carrière d’icônes régionales. Au-delà de leur cas, il soulignait et célébrait aussi la suprématie du son de ce Sud dont ils avaient été l'un des grands groupes fondateurs.
AUTRES SORTIES NOTABLES
Et maintenant, quelques projets rap complémentaires. Beaucoup de rap indépendant, témoignage du temps où ce blog se concentrait sur ce créneau, quelques références plus générales, et un grand nombre d'albums imparfaits, mais qui méritent qu'on s'en souvienne.
8-BIT BANDIT & DUMBFOUNDEAD - Super Barrio Bros
Bâtir un morceau de rap sur un sample de jeu vidéo, voilà qui n'est pas neuf. Décliner cela sur tout un album, toutefois, il fallait oser. C'est ce qu'a fait le producteur 8-Bit Bandit, en compagnie du rappeur Dumbfoundead. Et comme, au micro, c'est ce dernier et toute la nouvelle génération Project Blowed qui s'affairent, on ne s'ennuie finalement jamais le long de ce projet gratuit.
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BLEUBIRD - RIP U$A (The Birdfleu)
Comme son prédécesseur, RIP U$A était dense, créatif et jaillissant, il partait dans tous les sens, il multipliait les contributions. Et du coup, il comptait encore quelques minutes de trop et une poignée de morceaux superflus. Néanmoins, il était le meilleur album de Bleubird, le plus digeste, le plus accompli, celui qui rendait le mieux justice au talent indéniable de ce fou rappant venu de Floride.
Cet album du trio de Sapporo est long, et sa musique est homogène. Ce sont de longues compositions électroniques et hypnotiques, accompagnées d’un quasi spoken word halluciné. Ce sont des raps aux thèmes traditionnels, mais murmurés plutôt que proclamés, en langue nippone. Et c’est encore une fois remarquable, c’est toujours aussi bien. C’est toujours du Tha Blue Herb.
Après ses incartades en terres pop rock, Situation marquait la réconciliation de Buck 65 avec un hip-hop plus académique, qui ne reniait cependant rien de sa créativité et de sa singularité coutumières. Certes, cet album hommage à l'année 1957 et à l'Internationale situationniste n'était pas le plus mémorable du Canadien. Mais il était un retour à bon port pour Buck 65 le rappeur.
L'album Situation a marqué un retour au rap pour Buck 65. La même année pourtant, son intérêt pour le folk et la country a continué à se manifester, de manière plus discrète. Le tour CD Porch a été son escapade la plus approfondie dans ce domaine, avec les instrumentaux très dépouillés de John Zytaruk, et une voix qui n'avait plus que de vagues souvenirs de ses origines hip-hop.
Enfin, nous y étions, il y était presque parvenu. RoadKillOvercoat était le premier album grand public de Busdriver. Certes, il était loin d’être parfait. Mais avec lui, Busdriver avait enfin su canaliser son talent. Il maîtrisait ce flow de folie qui était à la fois sa force et sa limite, et proposait des morceaux présentables à un public potentiellement plus large que sa poignée d'aficionados habituels.
Deuxième collaboration californienne réussie en 2007 pour le prolifique beatmaker canadien Factor. Après son très réussi Only Death can Kill You, conçu avec l’irremplaçable Awol One, c'était un autre album modeste mais plaisant que le producteur de Saskatoon nous proposait, avec le renfort de Joe Dub. Live in 75 était un disque de seconds couteaux, certes, mais un bon.
El-P - I'll Sleep when You're Dead
La rumeur n’était pas totalement infondée : I’ll Sleep when you’re Dead révélait quelques bonnes surprises. On n’attendait tellement plus rien de Def Jux, on s’était tant détachés de celui qu’on avait adoré, qu’on avait oublié que l’ancien producteur culte de Company Flow était capable d’un "Overly Dramatic Truth", et que sa réputation de génie, parfois surfaite, n'était pas totalement usurpée.
EXISTEREO - Mixed Drinks Vol. 1
Un sacré bordel que ce disque sorti on ne sait comment sur un label russe, joyeux mélange sans logique de freestyles, d'instrus pillées à d'autres, de conversations téléphoniques et de titres plus formatés. Mais comme tous les autres albums d’Existereo, le plus maigre et le plus rock’n’roll des Shapeshifters. Peut-être le plus indispensable des disques hip-hop mineurs sortis en 2007.
BOBA FETTT – Meisters Des Universum
Boba Fettt est un Allemand pas facile qui se prend pour un personnage de Star Wars, qui adopte une pose de la mort sur sa pochette, et qui mélange à peu près tout ce qui existe en matière de rap américain, sans discernement et dans un ensemble peu cohérent. Pas évident, de prime abord. Et pourtant, ce disque où l'on retrouve les Californiens d'Afterlife, s'écoute plutôt bien dans son genre.
FIGURES OF SPEECH - The Last Word
Une décennie après "Don't Get It Twisted", leur contribution à la compilation culte Project Blowed, Omid Walizadeh rendait hommage aux deux filles de Figures of Speech, en compilant divers morceaux enregistrés entre 1992 et 1996. Un travail salutaire, qui complète celui qu'Eve, devenue depuis la cinéaste Ava DuVernay, entreprit l'année suivante avec le documentaire This Is the Life.
THE GAFF & FACTOR - The Trip Beyond
Parfois, on a pu reprocher un certain manque d’imagination à Factor, un usage trop mécanique de boucles toutes simples. Mais ce ne sera pas le cas avec The Trip Beyond, un mix récréatif conçu en collaboration avec le DJ The Gaff. Ici, en effet, le prolifique Canadien et son comparse se livrent à un travail accompli de cratedigging et de relecture, sur des sources rock et folk psychédéliques.
GALACTIC - From the Corner to the Block
Groupe jazz funk de La Nouvelle Orléans, Galactic a entrepris de s'associer à des rappeurs. Après avoir travaillé avec The Automator, c'est logiquement avec des gens de la même filière qu'ils se sont liés (Latyrx, The Gift of Gab, Chali 2na, Mr. Lif, Ladybug Mecca, Boots Riley, etc.), mais aussi avec Juvenile, venu en voisin. Et cette alliance des contraires n'est pas toujours des plus désagréables.
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Ghetto Gospel est, selon Ghetts, sa sortie de référence. Elle est aussi celle où il s'émancipait de la dureté du grime. Celle où, sur des morceaux plus calmes et mélodiques, il se livrait à l'introspection et il s'abandonnait aux sentiments. Mais en vérité, c'est quand il se faisait fier et agressif, sur des morceaux comme le très efficace "Top 3 Selected", que le MC de Plaistow restait le plus marquant.
Avec Chicken Talk en 2006, Gucci Mane avait trouvé son truc. L'année d'après, il enchaînait donc avec cinq mixtapes, à commencer par Ice Attack. Zaytoven était aux commandes, ses mélodies nous faisaient dodeliner de la tête, pendant que le rappeur déclamait ses élucubrations sur les filles, la drogue et ses liasses de billets longues comme le bras. C'était parti pour une très longue aventure.
MC HOMELESS - Trapped Under an Ohio Sky
Il ne paie pas de mine, MC SDF, avec sa dégaine de blanc-bec, sa rhétorique anarchiste et son passif d'ancien bassiste dans un groupe de grindcore. On en a vu passer des tonnes comme lui dans les tréfonds du rap indé, des blancs indé malingres qui nous embrouillent avec leurs raps en double-time. Pourtant, son très varié Trapped Under an Ohio Sky mérite quelquefois qu'on s'y attarde.
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C’est du hip-hop de chambre que nous propose James P. Honey sur cet EP gratuit. Ce sont des raps lancés à toute allure, sur un ton mi-éploré, mi-ironique, et accompagnés de beats qui fleurent bon le lo-fi et l’électronique de poche. C'est une formule d'Internet MC, c'est du rap triste de Blanc, comme déjà entendu en bien d'autres lieux. Mais avec cette fois, détail intéressant, un fort accent anglais.
JIM JONES - Members of Byrdgang 2
Cette mixtape portait le nom de Jim Jones, mais la vraie star ici, c'était son protégé, Max B. Par ses textes, par son charisme, par ses refrains chantonnés caractéristiques, Biggaveli soutenait tout entier cette seconde sortie du collectif Byrdgang, avant de se fâcher avec leur leader et de poursuivre sa carrière en solo, toujours avec le même éclat, et exclusivement sur le format mixtape.
Officiellement, Knuck Feast ne sont pas les frères David et Ceschi Ramos, mais Crystikal et Lil' Fiesty, rappeurs de Géorgie adeptes du crunk. Et pour un peu on y croirait, avec ces synthétiseurs cheap et ses insanités vociférées à tue-tête, si ces flows rapides si familiers ne les trahissaient pas, si on ne retrouvait pas ici ce sens mélodique dont les frères ont déjà su faire preuve, par ailleurs.
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Patrick Lanshaw est, son pseudonyme l'indique, un rappeur blanc. Alors, pour compenser son manque de coffre, Lil Wyte rappe vite, et il braille d'une voix rauque. Mais c'est un rappeur blanc Hypnotize Minds. Il y a donc aussi, outre des textes excessivement offensifs et provocateurs, la production efficace de Juicy J et de DJ Paul, décisive sur une bonne moitié de ce troisième opus.
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LoDeck pas mort. Cette nouvelle sortie était plus confidentielle que jamais, et pourtant, l'Américano-Biélorusse n’avait rien perdu de sa verve. Il était toujours le rappeur truculent de Bash It et de Dream Dentistry. Et avec sa voix d’ours slave mal léché et avec son phrasé off-beat, il gagnait le droit à moins d’oubli et à plus de considération que ses proches de Stronghold et d'Atoms Family.
LORD INFAMOUS - The Man, The Myth, The Legacy
En congé de la Three 6 Mafia, l'un de ses fondateurs perpétuait sa légende. Ce n'était plus ses vieux acolytes qui l'épaulaient sur cette nouvelle coulée de violence et de sexisme, c'était les seconds couteaux du Club House Click, mais c'était honorable. Rétrospectivement, après sa mort, ce solo serait presque ce qu'annonçait son titre : le testament d'un acteur clé du rap de Memphis.
LOOK DAGGERS - The Patience EP
Le rock lui allait si bien. 2Mex, en effet, avait toujours manifesté un certain goût pour ce genre musical, de ses débuts en solo ou au sein d'Of Mexican Descent, son flow y avait toujours davantage trouvé son compte, qu'avec les boucles du boom bap. Et cette collaboration avec Ikey Owens de Mars Volta survenue alors même que le gros latino commençait à lasser, tendait à le confirmer.
MAINTENANCE CREW - Simple is the Way it's Spoken
A peu de choses près, ce Maintenance Crew était semblable au précédent, Eternal Sunshine of the Simple Mind. Une fois encore, ces Chicagoans régénéraient un boom bap et un jazz rap imprégnés de considérations sociales, qu'on croyait en voie d'extinction. Cependant, il était moins bien. Plus lassant, moins intense, il était si homogène qu’à la longue, l’overdose menaçait.
DEEJAY OM - Reheated Naan & Curry
Comme DJ Shadow et Dan the Automator avant lui, Galapagos 4, le temple du classicisme rap indé de backpacker, succombe temporairement aux charmes de la musique indienne. Et le comble, c’est que ce disque de rencontre entre hip-hop et world music, agencé par un dénommé Deejay Om, aurait tendance à se montrer bien moins rasoir que d’autres sorties récentes proposées par le label de Chicago.
Psykick Lyrikah cédait à l’une des tendances de fond des années 2000. Auteur en 2004 d’un album de rap français tout à fait remarquable, le groupe s'était lancé en 2007 dans le guitar rap, avec l'assistance d'Olivier Mellano. Et c'était toujours aussi bien, même si le ton sentencieux du rappeur Arm, même si son rap sérieux et sa monotonie pouvaient continuer à en rebuter plus d'un.
RIFLEMAN & TAKTLOSS - World Wide Werds
Escapade allemande pour cet album d’Ellay Khule, sorti en collaboration avec Taktloss, le ressortissant teuton du Project Blowed. World Wide Werds se montrait moyen comme tous les autres, les beats du producteur Keyza Soze n'étant toujours pas à la hauteur du flow virtuose du rappeur. Néanmoins, il nous offrait quelques titres à ajouter à notre best-of secret du Californien.
ROHFF - Le Cauchemar du Rap Français
Le Cauchemar du Rap Français est, en fait, son diamant brut. En mode mixtape, sur une sortie parallèle qui ressemblait à un freestyle interminable, sans aucun des compromis et des calculs inhérents (en France peut-être plus qu'ailleurs) à une sortie commerciale, un Rohff alors en détention nous offrait un disque plus spontané, plus équilibré et plus satisfaisant que beaucoup de ses albums.
Certains ont pu trouver le premier album de Rumi trop bizarre, trop expérimental. D'autres ont pu reprocher au troisième de trop lorgner vers une variété kitsch typiquement nippone. Mais le second opus de l'extravagante rappeuse japonaise, lui, était là pile où il le devait, au point d'équilibre parfait entre ces deux extrêmes, déjanté, mais parfois craquant et irrésistible.
SAGE FRANCIS - Human the Death Dance
Ceci est du hip-hop pour le peuple, arrêter de me dire emo. Ainsi Sage Francis s'exprimait-il sur le passage le plus commenté de cet album. Et il le démontrait. Ses jeux de mots, ses punchlines, son humour acide étaient du pur hip-hop, tout comme les sons que lui avaient concocté plusieurs producteurs issus de la galaxie Anticon, sur cet album d'un niveau comparable à ses prédécesseurs.
Des années après ses débuts dans la confidentialité, le rappeur américano-australien Sankofa a poursuivi sa route. The Tortoise Hustle, nouvelle sortie disponible en édition numérotée et limitée à 250 exemplaires, était un autre épisode de la carrière de cette figure de proue historique des Internet MCs. Elle confirmait qu'il était l'un des plus attachants seconds couteaux du rap indé.
SIXTOO - Jackals and Vipers in Envy of Man
Aucun rap, aucune parole, rien qui dépasse sur cet album instrumental sorti par Sixtoo chez Ninja Tune. Juste de l’abstract hip-hop académique, en roue libre et sans saveur. C'est la sale impression qui domine, en tout cas jusqu’à ce qu’une écoute presévérante ne dévoile in fine les charmes de Jackals and Vipers in Envy of Man, et ne rappelle que le Canadien n’est pas vraiment n’importe qui.
Du hip-hop yiddish, des chants juifs traditionnels accompagnés par les raps d'un rappeur à l'accent québecois, avec des "laï laï laï" mêlés à du bon vieux funk des familles, et un accordéon fou qui s'emballe sur de la drum'n'bass. N'importe quoi, me diriez-vous ? Mais non, même pas. Ce genre de télescopage est dans la nature même du hip-hop, et Socalled s'en tirait plutôt bien, en fait.
SOLE & THE SKYRIDER BAND - Sole & The Skyrider Band
Avec cette collaboration avec le producteur Bud Berning, l'homme derrière le trio Skyrider, sans doute tient-on un sommet de la discographie de Sole, le fondateur d'Anticon. L'ironie cependant, avec ce rappeur visionnaire, mais aux grosses limites vocales, c'est que le disque bien conçu aurait peut-être été meilleur s'il s'était passé de son flow abominable de gros bovin asthmatique.
Cet album, enregistré avec la guitare de son ami Maybe Smith, ce devait être le plus ambitieux de soso. Mais pour y apprécier à nouveau le talent de ce Canadien qui a su inventer une nouvelle forme de hip-hop, pour pouvoir le retrouver tel quel, il faut passer outre une vilaine impression : celle, fausse, infondée, mais tenace, d’avoir affaire à un disque d’indie rock de seconde zone.
SOULJA BOY - Souljaboytellem.com
Jamais, sans doute, un rappeur n'a suscité autant de haine et de furie, de la part de ses pairs. Le jeune auteur du tube "Crank That" a suscité une vague de détestation inouïe avec son rap vide de sens déclamé sur des musiques dignes d'une sonnerie de téléphone mobile. Et pourtant, comme toujours avec pareille polémique, c'est la musique d'après qui se dessinait ici. Soulja Boy était le futur.
Certains fans de la première heure n'aiment pas, ils ont crié à la trahison. Pas assez rap, trop kitsch. Et pourtant, avec ses couleurs criardes, sa musique en toc, son rétro-futurisme années 80 et son arrogance adolescente, 3615 est l'œuvre la plus personnelle et la moins mensongère de ce manifeste culturel qu'est TTC, de ce groupe français au-delà du rap, au-delà même de la musique.
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TWO TON SLOTH - Is Brad Hamers & PZ
Promesse tenue, après une longue attente. Même si tout cela était de prime abord bizarre et désordonné, tout concourait à faire de Two Ton Sloth, sa collaboration avec Panzah Zandahz, une nouvelle réussite signée Brad Hamers, celui même, peut-être même le seul, qui a su faire de la spoken poetry quelque chose de vraiment bien, bien au-delà du concept vaseux et de la posture intello.
La solution du Sino-Australien Unkle Ho pour apporter la paix aux hommes, c'est d'organiser une joyeuse partouze avec toutes les musiques du monde. Avec le bien nommé Circus Maximus, il nous convie pour la seconde fois dans son grand lupanar musical. Pour la paix dans le monde, reste à voir. Mais pour la danse et l'entrain, c'est bon : avec cet album, Unkle Ho avait gagné son pari.
SAUL WILLIAMS - The Inevitable Rise and Liberation...
C'est tardivement que Saul Williams proposa sa grande oeuvre. Lourde, puissante et très influencée rock, l'instrumentation que lui offrait Trent Reznor sur cet Inevitable Rise and Liberation of Niggy Tardust était surchargée, mais c'est exactement ce qu'il avait manqué au slammeur historique du Nuyorican Poets Café pour passer enfin avec succès la délicate épreuve de l'album.
YEA BIG + KID STATIC - Yea Big + Kid Static
Avec leur rap électronique bizarre et amusant, Yea Big, le laborantin blanc, et Kid Static, le rappeur fantaisiste noir, avaient réinvesti le hip-hop inventif, rempli d'humour et plein de bon esprit de De La Soul, Digital Underground et Biz Markie. La bonne surprise, c’est qu’ils s'en étaient plutôt bien sortis sur cet album afro-rétro-futuriste, qui savait concilier expérimentations et séduction.
VOTRE SELECTION ?
De gros désaccords avec la sélection ci-dessus ? Des avis divergents ? Des récriminations ? Des manques à réparer impérativement ? Rassurez-vous. Vous aussi, vous pouvez désigner vos albums préférés de 2007 ci-dessous. Les résultats seront disponibles quand un contingent important de personnes auront voté.
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